Un rêve ou deux, pas plus,
Ou un vibrant murmure
Pour m’appeler vers les sommets enneigés
:
Rien de plus qu’un désir fou de grimper,
Rien de plus que le désir d’escalader,
De gravir les éboulis bruyants,
D’étaler ma force sur les rochers
coupants.
J’ai ouvert les yeux et nié les nuages
épars,
Et chaussée des bottes de sept lieues,
Je suis partie avec mes pensées toutes
roses
Et l’énergie des marcheurs de l’aube.
Comme une eau échappée d’un glacier,
J’ai ramené mes pensées libres de tout
souci
Vers le futur souvenir des amitiés de
cordée.
Hélas, au petit matin dans le fond du
vallon,
J’ai vu se fendre la pluie
Qui ramenait mes rêves aux eaux
dormantes et fades
Du lac glacé séchant au creux des
combes.
La montagne se garde et garde mon espoir
Et la vallée se ferme par des étreintes
froides.
Aux pentes neigeuses, la soldanelle
effrangée
Aurait ravi ma main de sa tendresse
pâle,
Et l’androsace couchée sur ses feuilles
lancéolées
Pour moi, aurait fait chanter ses
corolles mauves
Enfouies dans les rochers.
Mais c’est en vain que mon rêve immuable
Se penche avec douleur vers ce sentier
trempé :
Je parle, j’offre ma voix aux grimpeurs
frustrés
Et je voile mes yeux mélancoliques
Quand les brumes s’endorment
Au creux des vallées mouillées.
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