Sous les ciels de juillet,
J’ai souvent frémi de bonheur et de paix
Lorsque les sentiers s’ouvraient sous
mon pas régulier,
Capable en ce temps là de grimper sans
me plaindre !
Une corolle dans la main
Couronnait toujours mon visage de joie.
Et le ciel bleu là-haut, perdu parmi les
pierres
Faisait chanter la montagne d’ivresse.
Je voyais parfois aux éboulis fins et
mouvants
S’accrocher la scutellaire
Que les bourdons mousseux
Visitent avec un lent murmure.
A l’aurore froide et claire,
Je caressais les lèvres du calice violet
:
Les akènes grisâtres jaillissaient , en
extase,
Et leur pubescence légère faisait vibrer
mes doigts.
Comme je voudrais aujourd’hui encore
Dormir sous les étoiles et rêver de
sommets,
Et non me reposer sur mes pensées
frileuses,
En oubliant le nom des fleurs !
La terre chantait à mes oreilles prêtes
Le bonheur d’être jeune, et forte, et
généreuse.
A présent, je guette la marmotte dans le
vallon trop fréquenté :
J’ entends seulement son cri moqueur.
J’écrase en soufflant la campanule fière
Qui croît dans les coudraies parmi
l’épine-vinette,
Trop près des villages où m’attend une
voiture tiède
Avec ses bons sièges capitonnés.
Je ressemble comme une sœur d’infortune
A l’adénostyle dont la tête blanche
Se cache douillettement dans ses
feuilles de coton
Lovée sur ma fatigue et l’ombre de mes
douleurs.
La montagne m’attire mais n’est plus une
amie,
Mes chaussures sont lourdes
Et mon pas bien pesant.
Je me console avec trois fleurs que ma
main va faner.
Je ferme les yeux sur mes rêves de
rochers,
Je laisse à d’autres pas les névés de
l’été,
Je peins près de l’asphalte et prends
quelques photos
Et puis, j’ entre en ma coquille pour y
finir l’été.
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